Arielle, Jean-Luc, Dominique et moi-même prenons la route ce dimanche pour nous rendre à Houlgate pour une semaine de vélo incluant le RTT. Nous allons retrouver le groupe du Cyclo d’Oye de Belfort, avec qui je vais rouler tout au long de la semaine. Nous passerons les trois premiers jours à 21, en attendant l’arrivée de tous les participants au Rassemblement Tandem Tour à partir du jeudi.

Un tandem m’est attribué pour la semaine mais chaque jour, les pilotes tournent. C’est une très bonne idée. Après le souper, nous partons à la découverte de la mer. Certains vont faire trempette pendant que d’autres marchent sur le sable encore chaud. Nous assistons à un beau coucher de soleil.

Après une bonne nuit de sommeil et un petit déjeuner, nous prenons les véhicules pour nous rentre à Bonneville sur Touques, point de départ de notre randonnée. Nous retrouvons deux cyclos du club local qui vont nous guider sur les routes de Normandie pendant ces deux jours.

Après le déchargement du tandem et les dernières mises au point, je fais connaissance avec Patrick, mon pilote du jour. Nous prenons la route en direction de Honfleur. Pour y parvenir, nous parcourons de jolies petites routes de campagne où nous pouvons humer de bons parfums champêtres. Le terrain est un peu vallonné et nous faisons une halte sur le mont de Notre Dame de la Garde, d’où nous surplombons Honfleur, la Seine avec le pont de Tancarville. On voit aussi la mer mais on n’en ressent pas encore les effluves. Sur ce mont, il y a aussi une stèle avec la vierge à l’enfant. En redescendant un peu, nous passons devant une petite chapelle avec un très beau carillon. Les cloches sont installées dans un bâti presque au ras du sol. Puis nous entamons la descente sur Honfleur, toute en pavés et assez raide. Nous faisons le tour du port. Sur les quais, il y a une très jolie église toute en bois et plusieurs galeries d’art. Nous rencontrons énormément de touristes étrangers bien que ce ne soit pas encore les vacances.

Nous retournons ensuite sur Bonneville sur Touques en suivant la côte. La route reste toujours vallonnée. Nous traversons Deauville, ainsi que d’autres agglomérations. Pour finir, nous gravissons une côte de 1,5 km avec un pourcentage très important. Malgré cette difficulté, nous avons passé une bonne matinée à pédaler tous ensemble.

Après un pique-nique en plein air préparé par nos amis belfortains non pédalant, Nous reprenons la route en voiture pour aller à la découverte du centre historique de la ville de Caen. Nous sommes accueillis par une guide. Elle nous fait pénétrer dans l’hôtel de ville, qui n’est autre qu’une ancienne abbaye, devenue lycée puis la mairie actuelle. Nous visitons la salle du chapitre, pièce vaste et très haute de plafond où les moines écoutaient les lectures et se faisaient chapitrer si besoin. Ensuite, nous passons dans le chauffoir, rare pièce à posséder une cheminée. Les moines s’y rassemblaient pour se chauffer les mains avant d’aller dans la salle de calligraphie recopier les livres. Ensuite, nous sortons dans le cloitre et faisons un tour dans le jardin très rectiligne où les moines avaient le droit de se défouler et de parler une heure par jour. En effet, les bénédictins font vœux de silence. Nous finissons par le réfectoire, vaste pièce d’au moins 45 m de long,  qui sert actuellement de salle de réception. Les moines y mangeaient en silence en tournant le dos aux fenêtres de manière à ne pas être distraits pendant qu’un de leurs frères faisait la lecture. Ils méditaient sur des fresques religieuses peintes sur le mur face à eux. Pour accéder à ce réfectoire, nous passons devant un magnifique escalier réalisé en pierre de Caen. Elle est jaune très claire. La particularité de cet ouvrage est qu’il n’y a pas de piliers. Les pierres sont taillées pour s’emboîter à la perfection les unes dans les autres.

Nous poursuivons notre visite par L’abbaye aux Hommes où est enterré Guillaume de Normandie, appelé plus tard Guillaume le Conquérant. C’était une église abbatiale devenue église paroissiale. Pour faire le pendant, il y avait l’abbaye aux Femmes qui a été partiellement détruite pendant la seconde guerre mondiale.

Ensuite, nous circulons dans le centre historique de Caen où nous pouvons voir différents monuments comme le palais de justice et quelques hôtels particuliers avec de très belles façades.

Après cette journée pleine d’histoire, nous revenons à notre hébergement pour le souper puis nous retournons assister au coucher du soleil.

Le temps est toujours aussi magnifique en ce mardi. Comme hier, nous démarrons de Bonneville sur Touques et mon pilote est Jean-Marie. Nous sommes encadrés par trois cyclos locaux pour parcourir la campagne normande. Nous passons devant de nombreuses cultures dont le lin, première production mondiale normande. Nous faisons halte devant ces belles fleurs bleues qui durent très peu. On nous explique rapidement comment le lin est travaillé puis exporté à 80% partout dans le monde.Le parcours est toujours aussi vallonné. C’est avec grand plaisir que nous retrouvons nos mères nourricières pour le pique-nique à Thury-Harcourt. Nous enfourchons de nouveau nos montures pour revenir sur Caen en longeant l’Orne grâce à l’ancienne voie de chemin de fer aménagée en circulation douce. Le parcours est bien roulant. Nous nous faisons plaisir avec quelques pointes de vitesse. Nous faisons une halte devant une ancienne gare où nous posons pour la photo de groupe devant une draisienne. Nous contournons Caen toujours par la voie cyclable jusqu’à Pegasus Bridge. Ce pont a été le premier mis en place par les alliés au moment du débarquement.

Certains d’entre nous sont récupérés par les véhicules car trop fatigués. Mais nous restons à six tandems motivés pour parcourir les 20 derniers kms. J’étais contente d’être allée au bout et surtout d’avoir pu me faire plaisir sur ces 91 kms.

Aujourd’hui mercredi est une journée de visites sans tandem. Nous prenons la route à 9h dans les différents véhicules en direction de Villedieu les Poêles pour visiter la fonderie de cloches. L’espace étant minime, nous sommes divisés en deux groupes. Pendant que le premier entend les explications, nous nous amusons dans la cour à faire sonner diverses cloches de différentes tailles. Les vibrations sont puissantes autant dans nos mains que dans les cloches. A notre tour, nous profitons de la visite.Cette fonderie a été créée dans les années 1700. Il n’y en a que deux en France. La seconde se trouve dans la région d’Annecy. La fabrication de ces cloches est artisanale mais elles partent dans le monde entier.  Les cloches sont coulées autour d’un moule en argile à qui l’on a donné les motifs désirés. Mais les différentes étapes de la fabrication sont un peu difficiles à imaginer. A l’issue de cette visite, nous nous rendons dans une très bonne crêperie pour partager un délicieux repas.

Nous repartons ensuite pour la baie du Mont Saint- Michel.On stoppe les véhicules au niveau de l’éco musée pour marcher jusqu’au rocher de Groin. De ce dernier, on peut traverser la baie à pieds à marée basse à condition d’être accompagné pour éviter les sables mouvants. Le Mont Saint-Michel n’est qu’à quelques km à vol d’oiseau mais trop loin pour que nous y allions. Il est dans la brume de chaleur car il fait toujours aussi beau. Comme les bonnes choses ont une fin. Il faut reprendre le chemin d’Houlgate qui est à 170 km.

Après le souper, nous ne nous lassons pas du bord de mer pour profiter du coucher de soleil. Mais ce soir, on gravit 140 marches pour avoir un autre point de vue !

Ce jeudi matin , pas de vélo mais temps libre jusqu’à midi heure d’arrivée des participants au RTT. Un groupe retourne sur Honfleur pour se promener dans la ville pendant que l’autre va sur Cabourg pour quelques achats souvenirs.

Enfin, nous voilà tous réunis à 165 dont 70 tandems plus l’encadrement. C’est la cohue à la cantine ce midi et chacun est impatient de porter le beau maillot bleu qui nous a été remis. Aujourd’hui, je roule avec Claire.Nous rallions Caen par le bord de mer et sommes acclamés par la population tant sur les trottoirs que dans les voitures. Nous sommes encadrés par des motards assurant notre sécurité dirigés par Gérard, que nous retrouvons régulièrement sur ce genre de manifestation. Pour moi, la balade s’arrête relativement vite pour cause de souci mécanique. Comme le veut la règle, je dois monter dans le camion en attendant une réparation à Caen. C’est très frustrant ! Mon tandem sera remis en état par le mécano pendant la réception à l’hôtel de ville. Nous avons droit à un beau discours et à une dégustation de cidre ou jus de pomme. Puis nous faisons une photo de groupe sur les marches.Enfin, je peux repartir avec les autres. Nous prenons un chemin plus à l’intérieur des terres mais la population est toujours aussi présente. L’émotion d’être applaudi et encouragé me met les larmes aux yeux. Après le souper pas de coucher de soleil mais réunion pour découvrir ce qui nous attend le lendemain. Je retrouve Annie, qui va partager ma chambre. Elle n’a pas pu rouler cet après midi faute de pilote. Mais elle en aura un demain.

Ce matin, il fait déjà chaud lorsque nous partons. Nous allons dans l’intérieur des terres et je roule avec Jean-Luc.

C’est une journée pleine de montagnes russes mais c’est normal dans le pays d’Auge. Nous ne faisons que monter et descendre. Il n’y a pas le temps de souffler un peu. Notre parcours est jalonné de champs et de petits villages. Nous rencontrons des agriculteurs qui ne sont pas toujours heureux de devoir attendre quelques minutes pour laisser passer une  trentaine de tandems. En effet, aujourd’hui et demain, nous sommes en deux groupes sur deux parcours différents toujours avec nos motards pour la sécurité. Après un arrêt bien  mérité dans la matinée pour rassembler tout le monde, nous arrivons vers midi à Cambremer, lieu de notre pique-nique. Nous sommes en plein air mais aussi en plein soleil. Vive la crème solaire. Il y a une dégustation de cidre venant du producteur voisin puis nos repas arrivent. Nous repartons vers 14h avec une descente assez vertigineuse. Je ne suis pas bien fière mais tout va bien.  Nous retournons sur Houlgate par une autre route mais cela grimpe toujours autant. En arrivant sur Houlgate, je pensais que les difficultés étaient finies mais non. La seule côte d’Houlgate a été pour nous aujourd’hui. Nous sommes de retour vers 16h ce qui laisse le temps de profiter tranquillement d’une bonne douche et de se reposer un peu. Annie a été contente de sa journée avec Philippe.

Aujourd’hui samedi, Annie a le même pilote.

 

 

 

Pour ma part, je roule avec Guy et le tandem à assistance électrique. Je vais découvrir les joies de cette aide motrice dans les montées.Ce matin, les deux groupes partent très rapprochés car nous avons 5 km en commun sur les deux parcours. Cela simplifie l’encadrement. Nous avons un tracé assez plat ce matin pour rejoindre Colleville, pour un rassemblement. Claire m’emmène au bord de la mer toute proche. Je hume les effluves iodés et j’apprécie d’entendre le bruit des vagues s’échouant sur les rochers.

Ce samedi étant la journée de la résistance nous allons à quelques km de là assister à la commémoration du débarquement du Général de Gaulle sur les plages de Normandie. Il est arrivé en même temps que les Canadiens. Nous sommes installés sur des gradins en plein air face à la mer devant une immense croix de Lorraine. Un général nous fait un discours et nous lit des extraits de la lettre de De Gaulle annonçant son retour en France. Nous faisons une minute de silence en mémoire de tous les attentas dans le monde. Ensuite, il y a la sonnerie aux morts puis l’adjointe au maire de Courseulles sur Mer dépose une gerbe au pied de cette Croix. Enfin, nous reprenons tous la Marseillaise.

Nous retournons sur Courseulles pour rejoindre le lieu de notre pique-nique. Il fait très chaud dehors mais l’intérieur est trop bruyant. Après le repas, Guy m’emmène faire un tour sur la jetée de bois. Quelques personnes se baignent et les bateaux de plaisance vont et viennent le long du chenal pour aller au port.

Cet après-midi, c’est le groupe des petits mollets qui part le premier afin de donner le tempo. L’objectif est que les deux groupes roulent ensemble sur les cinq derniers kilomètres. Le parcours étant plus vallonné que ce matin, je découvre le plaisir de l’assistance électrique. Pédaler en ayant l’impression de moins faire d’efforts, c’est magique. Nous restons raisonnables et n’abusons pas de cette bonne chose. Nous quittons la mer pour retrouver les champs d’orge, de lin de colza et de fèves. A l’arrivée sur Houlgate, nous retrouvons la joie de la population que nous avions perdue le second jour. Nous créons un énorme bouchon en face de nous des voitures revenant de la plage mais personne ne s’énerve. Au contraire, les voitures klaxonnent pour nous encourager. Tout se déroule de façon bonne enfant.            A l’arrivée au CREPS, les dix motards nous font une haie d’honneur avec les sirènes à fond. Je pleure d’émotion en mettant pied à terre. Je vais remercier Gérard pour tout le mal que ces motards se sont donnés pour nous faciliter la vie. Nous tombons dans les bras les uns des autres, contents d’avoir passé ces quelques jours ensemble en espérant se retrouver l’an prochain dans une autre région. Mais avant de nous séparer, il y a la soirée de gala. On mange, on danse et on profite une dernière fois d’être ensemble avant de rentrer chacun chez soi.

                                                                                     Laurence Agro