L’Union Sportive Cergy Cyclotourisme a eu l’excellente idée d’organiser sa semaine cyclotouriste en camping à Vaison-la-Romaine dans le Vaucluse. Outre l’inondation meurtrière de 1992, cette ville est surtout connue par ses vestiges romains, sa cité médiévale et sa cathédrale. Deux mille ans d’histoire sont concentrés dans cette commune qui est un des joyaux de la Provence.
De plus, la région mérite vraiment le détour, c’est vraiment un terrain d’entraînement des plus éclectiques pour les cyclistes. Mais avant d’affronter le Ventoux, nous avions d’autres parcours attractifs concocté par Roger, responsable de cette semaine, aidé par Marcel, tous deux adhérents au club. Ces circuits avaient l’ambition de nous faire découvrir les jolis paysages aux alentours. Il y eut la découverte du massif des Baronnies et les gorges de la Nesque caractérisées par une longue montée en pente douce
Des rochers dressés surplombaient un précipice tout au long d’une route jalonnée de tunnels et belvédères. Les autres itinéraires offraient de superbes vues sur les dentelles de Montmirail, la montagne de Bluye, les vallées de l’Ouvèze et du Toulourenc
Pari tenu, nous avons eu droit à de magnifiques panoramas plus envoutants les uns que les autres. Jean-Marie, Jean-Pierre et Lionel se sont relayés pour me piloter durant ce séjour. Ce fut une grande première pour Lionel qui a fait son baptême de tandem comme pilote. Nous avons roulé ensemble lors de la balade permettant de contempler les dentelles de Montmirail.
Il a eu au début de l’appréhension comme tout novice. Cependant très vite, au fil de la sortie, il a pris confiance en lui et tout s’est déroulé sans aucun souci. Il a même poussé le vice jusqu’à franchir un troisième col après ceux de Suzette et Chaîne, le col de Veaux, qui n’était pas prévu au programme mais rencontré suite à une erreur de trajet.
Bravo Lionel, tu as brillamment réussi ta sortie surtout que le circuit ne manquait pas de côtes. Aussi, grâce aux descriptions de mes accompagnateurs,j’ai partagé avec eux les beautés de cette région. J’ai pu me rendre compte de la diversité de la flore, des forêts et leurs essences, des différentes cultures maraîchères et fruitières, des oliveraies, de la vigne, des rivières chantantes et des villages de pierres aux allures provençales
Ce fameux jeudi 29 mai 2014 au matin, un rendez-vous de taille nous attendait,l’ascension du géant de Provence.
Le Mont VENTOUX
Les conditions météorologiques étaient idéales avec un soleil resplendissant et peu de mistral pour cette aventure. L’option Bédoin a été choisie par Jean-Pierre, mon pilote. Il avait déjà escaladé le Ventoux précédemment par les deux autres versants. Cette route est la plus empruntée par le Tour de France et la plus emblématique des ascensions. Depuis le camping, nous sommes passés par Malaucène puis le col de la Madeleine à 454 m avant d’arriver à Bédoin. Ces 20 kilomètres furent une bonne mise en jambes. A partir de la sortie du village, nous avions au menu 21,5 km avec 1 610 m de dénivelé et une pente moyenne de 7,5 %. L’ascension a débuté agréablement par une montée légère à travers les vignes et les cerisiers pendant 6 km mais après le virage de Saint-Estève la transition fut vraiment brutale. Jean-Pierre en a vite profité pour passer le petit plateau que nous ne quitterons plus. Le petit braquet était fortement conseillé puisqu’on entrait dans la forêt avec 10 km à 9,3 % de moyenne sans aucun répit avant de parvenir au Chalet Reynard. Ce tronçon difficile a constitué l’essentiel de l’escalade composé de lignes droites ponctuées de légères courbes. Les hêtres et les conifères bouchaient la vue sur le sommet. Au chalet, nous avons fait une pause pour que mon pilote puisse reprendre des forces en se désaltérant et se nourrissant.
A notre grande joie, nous avons vu arriver notre ami Lionel, qui grâce à son courage et sa ténacité, nous a rejoint malgré de fortes douleurs. A cause de ces dernières il nous avait laissé entendre qu’il abandonnait et nous ne pensions pas le retrouver. Nous sommes repartis ensemble et nous avons constaté que le nombre de cyclistes s’était accru car la route était commune avec ceux ayant démarré de Sault.
À partir de ce chalet culminant à 1417 m, il restait près de 6 km avec un décor lunaire, des cailloux blancs à perte de vue. Les pourcentages étaient moindres par rapport à la forêt et heureusement que le mistral ne s’était pas manifesté. Les 2 derniers kilomètres sont plus relevés et nous avons tenu à faire un arrêt devant la stèle dédiée à Tom Simpson, décédé sur le Tour de France.
Plus loin, un autre monument a été érigé pour la tragique mort d’un cyclotouriste amateur. Effectivement, le final était plus pentu surtout au passage du col des Tempêtes situé à un kilomètre de la cime. A ce niveau, nous avons eu le plaisir de voir redescendre vers nous Jean-Marie tout simplement pour nous encourager et parcourir les derniers hectomètres à nos côtés. Nous avons jeté nos dernières forces à la vue de l’ultime virage pour enfin parvenir au sommet. A ce moment-là, j’ai poussé un cri de joie et j’ai remercié chaleureusement Jean-Pierre.
Les mots de sympathie des autres cyclistes nous ont énormément touchés. Ils nous ont stimulés moralement et physiquement. En effet, nous étions le seul équipage tandémiste parmi le nombre impressionnant de vélos. Il est vrai que le tandem suscite le respect surtout dans ce type d’exercice. Par la suite, soudainement le ciel s’est voilé, la température fraichissait et le vent commençait à souffler, nous avons décidé de descendre sans trop tarder par Malaucène, le versant nord. Cette descente fut un vrai régal avec des sensations grisantes dues à la vitesse, nous avons même aperçu des plaques de neige éternelle. A la fin de cette semaine, j’avais une dizaine de cols supplémentaires dans mon escarcelle. Eh oui, Maintenant que je fais partie de la confrérie des « 100 cols », chacun d’entre eux compte.
Pour clore ce séjour qui fut une belle réussite, Comme à notre habitude, le vendredi soir, nous nous sommes réunis pour un repas dans un restaurant à Vaison-la-Romaine où nous nous sommes délectés avec des spécialités locales. Il n’y a plus qu’à attendre impatiemment l’an prochain pour la découverte des charmes des Alpes-de-Haute-Provence.
Joseph AGRO
Comme d’habitude un récit de voyage par Joseph c’est du bonheur partagé, un régal. Merci de nous en faire profiter par procuration.
Alain.
Merci Joseph pour ce nouvel article.
La stèle du cyclotouriste amateur dont tu parles, est celle de Pierre Kraemer, dit Le Gaulois en raison de ses moustaches, de l’Union des Audax de France. Il est mort de froid à la suite d’un malaise en haut du Mont Ventoux à Pâques en Provence 1983, le jour même où j’avais renoncé de monter au sommet à cause de la neige et où j’avais du prendre la route forestière à partir du Mont Serein.
Pierre Kraemer était un randonneur aguerri, en Audax comme en Randonneur, avec plusieurs PBP, d’une régularité exemplaire qui en faisait un capitaine de route très apprécié. Il était aussi un Audax complet (Aigle d’Or en marche, natation, et aviron), et faisait bien d’autres sports. Il existe même une randonnée permanente en son nom « Paris – Mont Ventoux », organisé par l’UAF.