BRM 300 : Didier réussit un beau défi en tandem !

Participer cette année au BRM 300 organisé par mon club, l’U.S Cergy Cyclo, est l’un de mes projets. Pour ce faire , le plus difficile est de trouver un partenaire, volontaire et motivé, acceptant de m’accompagner en tandem en raison de ma cécité.
A ma grande satisfaction, Didier fait preuve d’altruisme en acceptant de me suivre dans cette belle aventure. 

Didier et Joseph

Didier et Joseph

Ce sera une grande première pour lui d’autant qu’il n’a jamais parcouru une telle distance et ne compte aucune participation à un Brevet des Randonneurs Mondiaux (BRM) où l’autonomie est le maître mot.
Didier, excellent pilote de tandem, n’est pas licencié à notre association sportive mais fait partie des Sangliers du Vexin. Je l’ai connu grâce aux Auxiliaires des Aveugles du Val d’Oise où il intervient en tant que bénévole. Evidemment, il préfère emprunter les chemins, s’adonner au tout terrain mais pour autant, il accompagne régulièrement dans la semaine Annie et Laurence, deux non-voyantes de notre club, en raison du manque cruel de pilotes. Par contre, il consacre la journée du dimanche aux Sangliers. Didier a néanmoins quelques appréhensions. L’idée de rouler quelques heures de nuit l’angoisse un peu, savoir gérer ses efforts, les pauses et les heures de selle, sont des paramètres inédits pour lui. C’est donc une expérience toute nouvelle et un très beau défi à relever.
Pour ma part, ma dernière participation à un BRM 300 remonte à 2016 avec Alain Mansard. Avec Didier, nous avons réalisé deux sorties d’entraînement, une de 110 km nous amenant à Gisors et une autre de 200 km passant par Lyons-la-Forêt réalisée dans les conditions d’un BRM. Celles-ci se sont révélées concluantes avec de bonnes sensations pour mon pilote.


Le samedi 26 avril, mon portable sonne en pleine nuit, il est 2 H 30 et il est l’heure de se lever malgré un sommeil discontinu, sûrement à cause de l’excitation de l’épreuve à venir. J’attends Didier à 3 H 30 et comme à son habitude, il est ponctuel. Parés de nos baudriers jaunes réfléchissants, nous enfourchons le tandem, tous feux allumés, afin de nous rendre à la MJC de Cergy-Village, située à quelques hectomètres de mon domicile. Comme tous les participants, nous sommes chaleureusement accueillis par Lionel et les lève-tôt de mon club venus prêter main-forte pour l’organisation. Juste devant nous, un cyclo est fort contrarié. En effet, le feu arrière de son vélo ne fonctionne pas, sa participation est donc compromise pour des raisons de sécurité. Par chance, ayant deux lumière à l’arrière du tandem, en bon samaritain, nous lui en prêtons une afin qu’il puisse prendre le départ.
Il fait nuit noir, je sens que Didier n’est pas très à l’aise avec le manque de visibilité. Nous nous élançons à 4 H avec une température un peu fraîche de 7° C. Dès le début, nous ne sommes pas sur l’itinéraire. Au lieu d’emprunter le chemin prévu qui passe à Vauréal pour se rendre à Boisemont, nous prenons, par erreur, la direction de Cergy St-Christophe, les hauts de Cergy puis Courdimanche pour rejoindre enfin Boisemont. A ce moment-là nous sommes sur la bonne trace du GPS en ayant fait un détour. Ce n’est pas grave, quand on aime on ne compte pas. En guise de mise en jambe, nous grimpons la côte et apercevons deux cyclos de Franconville dont l’un en tricycle couché. C’est une aubaine pour nous. Nous en profitons pour les suivre en prenant des relais. L’allure est soutenue et Didier est impressionné par la vitesse du tricycle couché dans la descente de Meulan Paradis, ce dernier étant plus rapide que le tandem. Même avec un bon éclairage, rouler de nuit est plus agréable en groupe qu’en solitaire. Il faut être très concentré pour pallier au manque de repères visuels. Tout est calme, apaisé et nous avons l’impression que la route nous appartient avec si peu de véhicules. Nous prenons la direction de La Roche-Guyon célèbre pour ses habitations troglodytes,

Les habitations troglodytes

ses falaises crayeuses et son château du XIIème siècle.

Le château

Tous mes sens sont aux aguets, je suis attentif au moindre bruit. Dès que nous traversons un village éclairé par des réverbères, les oiseaux se font timidement entendre avec leurs gazouillis.
Nous longeons la Seine et enfin, le jour se lève sur la campagne vers 6 H 30 . Les oiseaux piaillent de plus belle et nous livrent leur concerto à bec déployé.
Nous avons du brouillard et L’Ile-de-France laisse place à la Normandie. Nous voici maintenant à Giverny, berceau des impressionnistes.

Le jardin de Claude Monet à Giverny

Plus tard, Didier aperçoit au loin l’imposante forteresse médiévale de Château Gaillard érigée par Richard Cœur de Lion au XIIe siècle sur un éperon rocheux.

Château Gaillard

Château Gaillard

C’est bon signe, nous sommes arrivés aux Andelys, lieu de notre premier contrôle où nous faisons tamponner nos cartes de route dans une boulangerie.

Vue générale des Andelys et la Seine

Vue générale des Andelys et la Seine

Nous sommes dans le Vexin Normand et continuons notre périple afin de rejoindre Forges-les-Eaux en Seine-Maritime, lieu du deuxième contrôle.
Le brouillard se dissipe et fait place à un ciel parfois couvert et à d’autres moments ensoleillé. Nous laissons la vallée de la Seine pour aller en direction de Lyons-La-Forêt. Le parcours est sans difficulté notable, la forme est toujours là et la cadence est rapide.
A Radepont, sur notre droite, au bord de la rivière l’Andelle, on découvre les ruines de L’abbaye Notre-Dame de Fontaine-Guérard datant du XIIIème siècle. C’est un très joli décor. Une belle montée en pleine forêt nous fait face et avec un braquet approprié, elle est bien négociée.

le château de Radepont

le château de Radepont

Nous traversons ensuite Lyons-la-Forêt. On aperçoit plusieurs maisons à pans de bois, de torchis ou de briques donnant du charme à cette localité.

Rue dans Lyons la Forêt

Rue dans Lyons la Forêt

Elle est nichée au cœur d’une immense hêtraie normande, l’une des plus belles d’Europe. Fortuitement, Didier est interpellé par un son qu’il reconnait, c’est celui d’un épervier. Je suis tout ouïe et je m’imprègne de ce cri perçant et répétitif si particulier à ce petit rapace.
Plus tard, Nous sommes à Forges-les-Eaux et la moitié du parcours est derrière nous. Cette ancienne station thermale est surtout réputée pour son casino.

Parc du casino

Parc du casino

Nous repérons une boulangerie afin de nous restaurer. Bien sûr, pas de sieste au programme mais nous apprécions cette coupure salutaire afin de reprendre des forces.

La Porte de Gisors

La Porte de Gisors

Soudain, j’entends des bruits de klaxon tout près et je demande à Didier ce qu’il voit. Il me répond que nous assistons à un défilé d’une douzaine d’anciens véhicules de sapeurs-pompiers. Le son caractéristique des avertisseurs à deux tons des engins met de l’animation dans la ville.
Ensuite, nous enfourchons notre monture pour rallier Crèvecoeur-le-Grand sur le plateau picard dans les Hauts-de-France. Cette portion est roulante mais sans attrait. De longues lignes droites sur une route passante avec des champs de céréales à perte de vue constituent le morne paysage. De temps à autre, des éoliennes parsèment aussi notre horizon. 200 km au compteur et nous voilà au troisième contrôle, Crèvecoeur où nous prenons un rafraîchissement dans un bistrot et pointons nos cartes. Nous sommes au deux tiers du parcours mais pas le temps de s’attarder sur son imposant château du XVème siècle construit en brique rouge et pierre.

Le château de Crèvecoeur le Grand

Le château de Crèvecoeur le Grand

Peu après la sortie du village, catastrophe, Didier veut mettre le grand plateau mais nous sommes bloqués. En effet, la chaîne s’est entortillée autour du pédalier. Didier n’a jamais vu cela, il a dû mal à la démêler. Je lui suggère d’enlever la roue arrière et de tenir le tandem pendant qu’il essaie à nouveau de la dénouer. Ouf! Il réussit, non sans mal à la remettre. Juste à ce moment-là, un groupe de quatre cyclos du CCV participant au BRM, arrivent et nous proposent leur aide. Nous acceptons volontiers. Ils donnent un coup de main à Didier afin de remettre la roue en place. Après cet incident mécanique, nous pouvons repartir
Le paysage est plus varié mais en contrepartie le relief va de pair. En effet, les côtes et les descentes se succèdent avec un vent léger plutôt défavorable. Avant et après le village de la Chapelle-aux-Pots dans l’Oise, les montées sont longues usant notre physique. Didier n’oublie pas de me décrire les différents paysages rencontrés entre cultures et bocages normands, les animaux croisés Ainsi que les villages traversés. Quant aux cultures de colza, pas besoin de me l’annoncer, l’odeur entêtantes de ses fleurs se distingue aisément et sa couleur jaune vif forme un joli contraste avec le vert des champs.
Nous atteignons Chaumont-en-Vexin où l’on discerne l’église du XVIème siècle érigée sur une butte. C’est le quatrième contrôle où nous dégotons une boulangerie. Après un tampon apposé sur nos cartes de route et un dernier encas avalé, nous enfourchons notre tandem pour le final.

L'église de Chaumont en Vexin

L’église de Chaumont en Vexin

Il ne nous reste plus qu’une quarantaine de kilomètres à parcourir sur des routes familières que nous empruntons souvent lors des sorties club. Cela nous motive à augmenter la cadence. De plus, il ne reste que deux difficultés, les côtes d’Hénonville et de Puiseux-Pontoise qui se montent aisément avec le bon développement.
Un immense plaisir nous gagne lorsque nous arrivons, avec le soleil en prime, à la MJC de Cergy-Village. Nous recevons les félicitations des adhérents de mon club, présents pour l’organisation.
Ca y est ! Mission accomplie ! On est arrivé au bout de cette épreuve. Certes, fatigués mais pas exténués. Nous avons encore de l’énergie pour plaisanter avec les autres cyclos et nous faire prendre en photo.
Je remercie très chaleureusement Didier pour sa prouesse. Il a relevé brillamment son défi. Avec 310 km au compteur, il explose son record de distance. cette épreuve a été validée en 14H 40 alors qu’en 2016, j’avais mis 17 H. Je suis agréablement surpris par cette performance, je n’en crois pas mes yeux. A cette occasion, j’offre à Didier la médaille de ce BRM 300, récompense ô combien méritée.
A l’instar des 23 participants, nous avons bien apprécié l’itinéraire proposé avec des paysages variés empruntant en majorité des routes aux paysages bucoliques.

Résultat sur Strava

Résultat sur Strava

 

Texte : Joseph Agro

Photos et mise en page : Michel Vilpoix

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