Brevet de randonneur des Alpes 2013

Le Super BAC des 20 et 21 juillet 2013 en tandem

Nombre de cyclotouristes ont déjà réalisé le BJoseph et stephane dessin humoristiquerevet des Randonneurs des Alpes faisant partie des épreuves montagnardes les plus prestigieuses,

 

d’autres en ont rêvé ou n’ont jamais osé. Eh bien moi, j’appartenais à la deuxième catégorie. L’appréhension de gravir ces cols mythiques souvent empruntés par les coureurs du Tour de France, me gagnait. Pourtant, mon pilote Stéphane, avec presque 1000 cols à son actif, m’a convaincu de l’inscrire au programme 2013. Je dois le faire évidemment en tandem car sans cette monture je ne pourrai pratiquer le cyclotourisme en raison de ma cécité. J’avais escaladé une petite centaine de cols différents dans diverses régions françaises et Avoriaz, située à 1800 m d’altitude, restait le point culminant après l’ascension du col de la Joux verte l’an passé. L’autre objectif était mon inscription à la confrérie des « cent cols » et pour cela il faut avoir grimpé au moins cinq cols de plus de 2000 m par tranche de cent. Le programme du BRA était corsé avec La Croix de Fer, le Mollard, le Télégraphe et surtout le majestueux Galibier dressé à 2642 m. « Il n’y a de limites que celles que l’on s’impose », il a donc fallu les repousser.

Magnifique vue des Alpes avec les randonneurs en pleine ascension

Nous étions donc quatre de l’US Cergy Cyclotourisme à prendre part à cet événement, Jean-Marie avait choisi comme nous l’option « tourisme » sur deux jours en revanche, le courageux Eric avait opté pour le parcours randonneur sur une journée seulement.

 

Le samedi 21 juillet à Vizille, à la suite de notre enregistrement, nous nous mettons en selle pour une mise en jambes sur une longue route passagère et dénué d’intérêt remontant la vallée de la Romanche jusqu’à Rochetaillée. Nous voilà lancés pour une ascension d’une trentaine de kilomètres. Nous atteignons Allemont où s’amorce la montée alors Nous sommes vite dans l’ambiance. Au barrage du Verney, la route s’élève jusqu’au Rivier d’Allemont quand un replat nous permet de récupérer et de plus, un ravitaillement bien garni s’y trouve. Après une courte mais forte descente un beau traquenard nous attend, et heureusement que Stéphane le connaissait. Il fallait avoir un petit braquet approprié pour ne pas être à l’arrêt dans cette belle rampe jusqu’au barrage de Grand’ Maison. La pente se calme et nous voilà dans une petite descente avant la dernière difficulté. Ensuite, nous cédons à la tentation en prenant à gauche vers le col du Glandon situé à 500 m de l’itinéraire prévu. Un arrêt photo s’impose devant le panneau.

Joseph et Stéphane au col du Glandon 1924 mPuis nous rejoignons le tracé pour la Croix de Fer. Les derniers kilomètres sont plus faciles dans un cadre grandiose avec un panorama splendide sur les aiguilles d’ Arves. Enfin arrivés au sommet de ce col de 2067 m, les nombreux cyclotouristes amoncelés devant le panneau nous découragent d’immortaliser par l’image cet instant néanmoins Stéphane a photographié la Croix qui a donné son nom à ce col légendaire.

Ascension du col de la croix de ferCette ascension irrégulière n’a pas été facile mêlant des pourcentages corsées et des courtes descentes, il faut surtout penser à gérer ses efforts, ce n’est que le hors d’œuvre, la journée est loin d’être terminée. Tout au long de cette montée, j’étais à l’écoute des commentaires et conseils pertinents de Stéphane. Il me décrit les paysages croisés. Tous mes sens sont en éveil, je prête attention aux diverses odeurs de la flore et surtout aux bruits perçus. Il y a le son harmonieux des nombreuses cascades, les chants des oiseaux et les sifflements répétés des marmottes signalant notre venue. Quant à nos copines, les vaches, des tarines et aussi des charolaises identifiées par mon coéquipier, paissent tranquillement dans les pâturages en faisant tinter leurs clarines. Nous descendons prudemment jusqu’à Saint- Jean-d’Arves où nous croisons notre ami Jean-Marie qui avait déjà fini de déjeuner. Quelle coïncidence, une personne m’interpelle et sa voix ne m’est pas inconnue, c’est notre ami Pierre Falgon, qui faisait partie de notre périple Arc-en-Ciel Aventure Paris – Londres de l’an passé. Il nous avait réalisé un excellent reportage de ce périple et à coup sûr il en fera de même pour cette manifestation. Nous roulons en direction du col du Mollard où après le passage du pont de Belleville, en guise de digestion six kilomètres d’ascension à 6,8 % nous attendent sous un soleil au zénith.

Stéphane et Joseph au Col du Mollard 1638m

Aussi, je bois fréquemment des gorgées d’eau aux fins de m’hydrater et d’éviter les éventuelles crampes. Certes, ce col est moins élevé que ses illustres voisins cependant cela ne l’empêche pas d’être assez ardu. Effectivement, une belle rampe nous attend et nous voici arrivés à 1638 m au sommet où d’autres points de vue s’offrent à nous. Il faut maintenant négocier cette longue descente et profiter des sensations grisantes qu’elle procure. J’ai une confiance aveugle en mon pilote et c’est avec adresse qu’il enchaîne les multiples lacets en épingle. Cet exercice est facilité par les freins à disque du tandem permettant une meilleure maîtrise du freinage. D’ailleurs, une camionnette nous a laissé le passage ainsi nous avons continué rondement notre progression. Par la suite, nous remontons la vallée de la Maurienne sur une route inintéressante et à fort trafic. A Saint-Michel de Maurienne, je ne pense qu’à une chose, trouver un endroit où nous pourrons savourer des rafraichissements. Aussitôt dit, aussitôt fait, Stéphane s’arrête devant un café pour notre plus grand plaisir.

Nous reprenons le tandem afin d’aborder l’ascension du Télégraphe, un col régulier de 12 kilomètres à 7,3 %.

Elle nous paraissait longue cette montée, que dis-je, interminable. Au deux-tiers du col nous rejoignons notre hébergement à Valmeinier 1500. La fatigue se fait sentir, les considérables efforts cumulés depuis ce matin ajoutés à la fournaise, nous pèsent aussi bien physiquement que moralement.

C’est avec peine que nous nous hissons mètre par mètre. Durant les derniers hectomètres, un coureur à pied allait presque aussi vite que nous. Ouf ! C’est un grand soulagement lorsque vers 17 H 50 nous sommes enfin arrivés.

Notre ami Jean-Marie nous accueille sous des applaudissements et avec en prime une bouteille d’eau bien fraîche pour nous désaltérer. La douche et le repas ont été grandement appréciés. A notre grande déception, après plus de 4 kilomètres de marche aller-retour dans Valmeinier 1500, pas un endroit ouvert un samedi soir pour étancher notre soif. Cette station si vivante en hiver est vraiment morte en période estivale. Restons optimistes, cette balade nous a quand même permis de décontracter nos muscles raidis par les efforts fournis. Le lendemain matin, ragaillardis, après quelques heures de sommeil, bonne nouvelle, le soleil est toujours au rendez-vous. Nous enfourchons le tandem afin de reprendre la route quittée la veille pour escalader le dernier tiers du col du Télégraphe situé à 1566 m.

Col du Telegraphe 1566m                      Joseph et stephane dessin humoristique

 

Nous nous laissons glisser ensuite jusqu’à Valloire où nous faisons une halte au ravitaillement proposé. C’est le moment de reprendre de l’énergie avant les 18 kilomètres qui nous séparent du Galibier. A la sortie du village, une première difficulté se présente, en effet, une belle pente nous fait face, et là encore un développement adéquat est le bienvenue pour ne pas puiser dans nos réserves. Au hameau des Verneys, ça se radoucit un peu, nous longeons la rivière et le fond de la vallée jusqu’au plan Lachat. Après le passage de la rivière Valloirette sur un petit pont, la route qui serpente va s’élever plus nettement pendant 8 kilomètres sans aucun répit. Stéphane m’annonce les bornes kilométriques indiquant la distance au sommet ainsi que la pente à venir et le compte à rebours commence. Celles-ci défilent à mon goût on ne peut plus lentement, eh oui, cela paraît bigrement long un kilomètre en montagne. Je n’ai qu’une obsession, garder coûte que coûte notre fréquence de pédalage sans jamais mettre pied à terre. Certains cyclotouristes ont du apprécier notre régularité car ils prenaient notre roue. Les 2000 mètres sont atteints et le paysage change, c’est la haute montagne, nous avons droit à un décor où la végétation se fait rare avec des vues sur des étendues herbeuses et de rochers. A environ 3 km du sommet Stéphane m’annonce qu’on se trouve au niveau du collet du plan Nicolas à 2406 m. Au bord de la route, des plaques de neige éternelle sont présentes rendant le décor sur un fond de ciel bleu encore plus magnifique. Nous laissons le tunnel sur notre droite et les derniers lacets sont sacrément pentus. Évidemment, nous sommes dépassés par de nombreux participants et beaucoup d’entre eux, connaissant la difficulté pour un tandem de monter les côtes, viennent à notre rencontre pour nous féliciter. Nous sommes touchés par ces messages d’encouragement, ils nous stimulent, nous redonnent des forces pour affronter les derniers virages. C’est dur mais ça y est ! Quel enchantement ! Nous sommes au sommet, ce n’est que du bonheur ! Une grande satisfaction m’envahit, je n’en crois pas mes yeux, nous avons réussi l’ascension de ce monstre sacré.

Stéphane Joseph et Jean-Marie Herouin au sommet du Col du Galibier 2646 mNous retrouvons au ravitaillement Jean-Marie et profitons pleinement de cette pause bien méritée pour réaliser des photos. Puis, nous nous laissons glisser sur une belle et longue descente, zigzagant de droite et de gauche avec des paysages à couper le souffle. Nous franchissons allègrement le col du Lautaret à 2058 m. A la Grave, petit arrêt pour admirer le glacier de la Meije enneigé. Que c’est agréable hormis les tunnels, un peu sombre pour certains d’entre eux. Heureusement nous avons l’éclairage approprié et les gilets jaunes de sécurité. Après le barrage du Chambon, nous voici au Freney d’ Oisans où nous tournons à droite pour effectuer la boucle du super BAC menant à Auris. Encore un nouveau traquenard ! La route en corniche est bien raide, les premiers kilomètres avoisinent les 10% de moyenne sous un soleil brûlant. Cependant, les efforts sont largement récompensés lorsque nous atteignons enfin ce promontoire. Au contrôle du Cert- Belvédère Armentier, un panorama splendide sur les vallées de la Romanche et d’ Oisans s’ouvre à nous. Jean-Marie et Stéphane en prennent plein les mirettes et bien évidemment des photos s’imposent.

Jean-marie et Joseph en contemplation du paysageNous redescendons en prenant une petite route vertigineuse. Par la suite, nous passons à La Garde où jusqu’à Bourg-d’ Oisans, nous empruntons toujours en descente quelques virages, les plus raides, de la célèbre montée de l’Alpe d’Huez. Ce dernier ravitaillement permet de se restaurer et surtout de bénéficier des boissons fraîches eu égard à la forte chaleur.

Pour rallier Vizille, les trente derniers kilomètres en faux-plat descendant sont favorables pour le tandem malgré le vent de face. La forme étant là, nous nous faisons plaisir en imprimant une cadence de folie. Mince, Jean-Marie décroche ! Alors un autre participant nous sollicite pour prendre la roue et le mettre à l’abri d’Éole. Nous acceptons et c’est toujours avec la même allure effrénée que nous entrons à 15 H 50 au parc du château de Vizille. A l’arrivée, celui-ci nous a vivement remerciés car parti le matin à 3 H, la fatigue aidant, il peinait pour rentrer. Un grand bravo à tous les organisateurs et bénévoles du club cyclotouriste de Grenoble. Ils ont tout mis en œuvre pour que cette épreuve soit une réussite et fasse le plus grand bonheur des 1600 inscrits.

Autre paysage des Alpes

Je remercie très sincèrement Stéphane qui m’a permis de réaliser ce super brevet alpin cyclotouriste. Aussi, je n’ai plus d’excuse, je pourrai m’inscrire au club des « 100 cols » puisque j’ai escaladé cinq cols de plus de 2000 m. Quatre au cours de ce parcours et l’autre, le col du Sabot à 2100 m, fut franchi le vendredi 19 juillet. Il est Bien moins connu que ses célèbres voisins mais je peux vous assurer qu’il est fort redoutable. Ce séjour dans les Alpes avec Stéphane m’a laissé Beaucoup d’excellents souvenirs et anecdotes qui seront pendant longtemps gravés dans ma mémoire.

Pour conclure ce récit, je vous livre une citation pertinente de l’écrivain Bernard Weber que j’apprécie et donne à réfléchir : «Il est des moments où les rêves les plus fous semblent réalisables à condition d’oser les tenter ».

Joseph Agro

 

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