UN BRM DANS LE VENT

 

Le samedi 28 mars 2015, je devais réaliser pour la deuxième année consécutive, en tandem avec Éric Merlet, le brevet de randonneurs mondiaux de 200 km organisé par le Cyclo Club de Mours.Joseph et Lionel pendant la semaine cyclo

Or, une semaine avant    l’échéance, il m’informait de son indisponibilité. Sans pilote ma participation était fortement compromise. C’etait sans compter sur l’altruisme de Lionel Jacquot, il s’est  spontanément proposé pour remplacer Eric. Lionel est un très grand randonneur, cyclotouriste expert mais novice en tant que pilote de tandem. En effet, depuis un an, nous avons du faire seulement quatre sorties ensemble dont une de 95 km. Ce serait donc pour lui un beau pari à relever. Merci Lionel en acceptant ce défi tu fais preuve d’un esprit de solidarité incontestable.

L’objectif d’un BRM c’est d’accomplir le parcours sans assistance dans le délai imparti. Les participants doivent se débrouiller seul d’un bout à l’autre du brevet avec une feuille de route et une carte  à pointer au passage des différents contrôles.

Ce samedi matin après un réveil aux aurores, j’attends devant chez moi à Cergy Lionel qui doit passer me prendre en voiture. Il était venu trois jours avant pour récupérer le tandem  afin d’installer sa selle et de procéder aux réglages indispensables en vue de parcourir une longue distance. Quelques minutes plus tard, je monte dans sa voiture en direction de la maison des associations de Mours, lieu d’inscription. Sur place, l’accueil du Cyclo Club de Mours est toujours aussi amical et nous retrouvons six adhérents de l’U.S Cergy Cyclo : les époux Dominique et Jean-Pierre, Véronique, Edouard, Jacques et Richard. C’est à 7 H qu’ensemble nous enfourchons nos montures dans une fraicheur matinale, une grisaille, une pluie fine qui nous accompagnera durant 50 km et un vent qui sera la plupart du temps défavorable, rien de bien encourageant :Sad: .

Cette fois-ci, à l’inverse de l’an passé avec Eric, il n’y a pas eu d’erreur de trajet à Mouy  pour rejoindre Angy par une route passagère qu’il faut quitter au bon moment. J’ai un avantage certain avec Lionel, il connaît très bien l’itinéraire l’ayant déjà emprunté à maintes reprises et de surcroît il a pris le soin d’installer son GPS sur le tandem. Assez rapidement, il s’avère difficile de rouler ensemble. Nous décidons alors que chacun continue à son rythme et de se retrouver aux points de contrôle. Tout se passe bien avec Lionel. Nous adoptons une allure régulière sans forcer. Il prend le temps de me décrire les paysages composés de champs de colza qui fleuriront dans un mois, d’autres recouverts d’engrais malodorants, le tout paré d’un temps morose. Heureusement que la traversée de la forêt domaniale de Hez rompt l’ennui. Celle-ci regorge de plusieurs essences où dominent des chênes et hêtres remarquables. La pluie diminue et finit par cesser. Par contre, ce n’est pas le cas du vent faisant allègrement tournoyer les pales des éoliennes    differents-types-eoliennes

. Après 77 km, nous arrivons à Montdidier dans la Somme, ville de notre premier arrêt. C’est dans cette localité qu’un Montdidérien célèbre a vu le jour, le fameux Antoine Parmentier connu surtout pour ses actions en faveur de la consommation de la pomme de terre.

Parmentier

 

Nous allons dans un café pour étancher notre soif et aussi recevoir un tampon humide sur notre carte. Tout le monde arrive sauf Dominique, Jean-Pierre et Edouard. Nous avons de leurs nouvelles au téléphone. Suite à deux crevaisons et à d’autres ennuis mécaniques ils sont loin derrière et ne souhaitent pas qu’on les attende. Nous  repartons en direction de Marseille-en-Beauvaisis dans l’Oise. Cette commune qui était surnommée Marseille le petit  depuis la Révolution a été renommée en 1908 sous l’appellation actuelle. Il faut avoir la patate et un mental à toute épreuve pour braver ces 50 km interminables. Le vent de trois-quarts face rend encore plus pénible cette portion de route. Je crois que pire que la pluie, Eole est l’ennemi juré du cyclotouriste. Même le décor est déprimant, de vastes étendues de cultures à perte de vue, sans aucun attrait. Eh oui, ce panorama est l’une des facettes de la Picardie. Il me tarde de faire un arrêt. De plus l’appel du ventre se fait sérieusement sentir. Au kilomètre 125 nous atteignons enfin Marseille-en-Beauvaisis, deuxième point de contrôle. Nous allons dans un bar nous restaurer et pointer notre fiche cartonnée. Quelques minutes plus tard, arrivent Jacques, Richard et Véronique qui ont pour la plupart les visages un peu marqués, les nôtres  sont certainement identiques .

La Halle de Marseille en Beauvaisis

Je reçois un appel d’Edouard m’informant qu’il a encore 10 km avant de nous retrouver. Quant aux époux Lalande, ils ont pris du retard à Montdidier pour acheter des chambres à air chez un vélociste. Nous faisons une longue coupure salutaire en attendant Edouard.  Il nous faut repartir en direction de Chaumont-en-Vexin situé à 40 km. Le vent toujours contraire est moins gênant car nous sommes un peu abrités et les paysages sont plus intéressants avec du relief. A Saint-Aubin situé dans la partie picarde du pays de Bray, nos amies les vaches Nous contemplent sereinement dans les prés. Viennent ensuite les traquenards, La Landelle, point culminant du parcours et La Bosse sont des montées régulières. L’emploi d’un braquet approprié permet de bien les franchir en tandem. La forme est au rendez-vous. Les jambes tournent bien et aucune crampes à signaler. Ce n’est pas le cas du  tandem avec lequel nous avons des désagréments mécaniques, des passages de vitesse malaisés. A l’issue d’une descente, nous atteignons Chaumont-en-Vexin, dernière halte avant d’arriver à destination. Pas le temps de faire du tourisme et d’admirer son église datant du XVIe siècle au style gothique flamboyant. Nous faisons une pause à la boulangerie afin d’avoir le sésame sur notre carte de route et nous prenons également un encas. Quand on peut joindre l’utile à l’agréable il ne faut pas s’en priver. Que de véhicules automobiles en ce samedi après-midi ! Il n’est pas facile de sortir de la localité. Le final est plus rapide grâce au vent porteur et nous décidons d’accélérer l’allure. Les derniers kilomètres sont pourtant contraignants avec la traversée d’agglomérations dans une circulation dense.

Eglise de Chaumont en Vexin

C’est une belle délivrance lorsqu’à 18 H 50 à Mours nous en terminons. Nous faisons homologuer notre brevet accompli en 11 H 50. Je congratule et félicite chaleureusement Lionel. Il a réussi son pari  en réalisant son tout premier BRM en tandem et par la même occasion, il a pulvérisé avec 203 km sa plus grande distance en qualité de pilote. Un quart d’heure plus tard, arrivent Richard, Jacques, Edouard et Véronique. Les époux Lalande, nonobstant leurs soucis mécaniques, ont réussi à valider in extremis leur brevet.

Je ne pourrai clore ce récit sans remercier sincèrement Lionel sans qui je n’aurais pu participer une nouvelle fois à cette aventure.

Victor Hugo avait raison : « Le propre de la solidarité c’est de ne point admettre d’exclusion ».

Texte de Joseph
Mise en page Lionel

 

 

10 réflexions sur « UN BRM DANS LE VENT »

  1. QUE DIRE !!! SINON BRAVO à tous les participants pour ces km avalés, ces moments partagés en toute amitié.
    merci à Joseph pour ce compte rendu qui nous permet de voyager aussi

  2. Félicitation à toi, Joseph, qui collectionne les exploits que nombre de personnes aimeraient envisager et qui profite avec une belle reconnaissance d’efforts partagés de plusieurs pilotes. Le tandem, en cyclisme, me semble est la meilleure expression de la solidarité et de la nécessité de s’adapter mutuellement.

    • Merci Claude, tu as bien résumé, je telivre un titre que j’avais trouvé pour un de mes récits : « Le vélo en solitaire et le tandem en solidaire ! ».
      Amicalement.
      Joseph

    • Merci Lucile, j’espère aussi que cette solidarité continuera au sein de notre club car le nombre de pilotes diminue… Bises.
      Joseph

    • Merci Michel, tu sais le tandem c’est un moment de partage et de convivialité. On y partage le bonheur aussi bien que les efforts.
      Amitiés.
      Joseph

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