C’est par un bel après-midi que je pars en covoiturage à Châteauroux au Rassemblement Tandem Tour (RTT) pour quatre jours. J’apprécie ce séjour car il me permet de retrouver des amis même si l’on ne se voit qu’une fois par an mais aussi de connaître de nouvelles personnes.
Bruno, mon pilote, vient me chercher. Nous chargeons le tandem puis nos bagages dans son véhicule et prenons la route pour Châteauroux. Après plus de quatre heures de voyage, nous arrivons au centre régional technique de la fédération française de football, lieu de notre hébergement. . A l’accueil, Françoise nous attribue nos chambres.
C’est avec joie que je retrouve ma copine Rosa. Bruno, quant à lui, aura un hébergement seul. Ensuite, nous déchargeons nos affaires mais le tandem reste dans le véhicule car le local à vélos est très petit. Il sera vite accessible le matin.
Nous découvrons notre environnement avec la salle faisant office de bar. Oh surprise pour les voyants, les prix sont affichés en braille, ce qui n’est pas habituel. C’est donc avec plaisir que je lis à mon pilote les tarifs de ce qui est proposé. Et oui, pour une fois, ce sont les voyants qui doivent demander aux déficients visuel de les aider. Les surprises ne sont pas finies. A l’issue du repas, nous faisons un tour dans le grand parc qui entoure la propriété. Nous passons près d’un bâtiment que l’on suppose avoir été une école puis devant un autre qui ressemble à une chapelle. Au cours de notre déambulation, nous retrouvons Rosa, Yves et Babeth et d’autres qui viennent se joindre à nous car la soirée est très agréable. Nous discutons et chantons ainsi par petits groupes, heureux de nous retrouver.
Vendredi 30 mai :
Bruno et Yves viennent nous chercher à 7h30 pour le petit déjeuner. La queue est longue avant d’accéder à nos plateaux. Après avoir pris des forces, nous retournons un bref moment dans nos chambres pour finir de nous préparer.
Nous sommes 40 tandems partagés en deux groupes. Les « gros mollets » partent les premiers car ils roulent à une allure plus soutenue sur une distance plus longue (100 km). Ensuite, les « petits mollets » partent à leur tour pour 80 km. Par ailleurs, chaque groupe est encadré par des cyclos locaux. Il y a un capitaine de route, un serre-fil et un autre est là pour nous permettre de traverser les carrefours en mettant le moins possible pied à terre.

Le groupe dans Châteauroux
L’ambiance est détendue et bon enfant.
Pour Bruno et moi, tout va bien. Nous retrouvons vite nos marques car nous n’avons pas roulé ensemble depuis le dernier RTT. Les routes sont assez plates au début. Nous roulons dans la campagne avec des champs cultivés séparés par des haies arbustives ou de petits bois. Il y a aussi quelques centres équestres et des pâtures avec des vaches et leurs veaux. Peu à peu, le terrain se vallonne avec de nombreux faux plats montants ou descendants. Ils ne sont pas méchants mais la chaleur aidant, c’est fatiguant au bout d’un moment. Nous faisons une halte ravitaillement à Buxières-d’Aillac pour boire frais et grignoter quelques fruits, pain d’épice ou quatre quart et un peu de chocolat. Les deux groupes se retrouvent et c’est l’occasion de discuter un peu. Le départ est donné pour reprendre la route, les gros mollets d’abord et les petits mollets ensuite. Nous roulons ainsi jusqu’à la pause de midi à Nuret-le-Ferron. C’est un petit village agréable. Une fois les pique-niques distribués, nous sommes plusieurs à manger dehors plutôt qu’à l’intérieur. En effet, la température monte et c’est plus agréable d’avoir un peu d’air frais à l’ombre d’un grand arbre plutôt que d‘être enfermés. La salle qui nous est prêtée fait partie de l’ancienne école du village, qui n’existe plus. Les fenêtres des maisons sont encadrée par des pierres et le reste des murs est en crépit.

Repas du midi
Philippe donne à nouveau le signal du départ mais j’aurais bien fait une sieste à l’ombre !
Il n’était pas prévu de ravitaillement l’après-midi mais le thermomètre monte bien et les organisateurs décident qu’il y aura une pause pour nous hydrater. Heureusement, car depuis un moment, je me sens mal. J’ai des nausées et beaucoup moins d’énergie pour pédaler. Nous faisons un arrêt à Lothiers où se trouve un robinet. Je m’asperge le visage et les bras mais cela ne va pas beaucoup mieux. Edith vient m’arroser la tête et les jambes avec son bidon et cela me fait du bien. J’ai attrapé un coup de chaud. Il faut dire que le GPS de Bruno annonce 33°. Nous rentrons en suivant ce qui reste du groupe car nous en avons perdu en route. Certains ont oublié de tourner à un endroit ce qui fait que nous ne savons pas où ils sont. Plus tard dans l’après-midi, nous faisons une autre halte à l’ombre demandée par quelqu’un qui ne se sent pas bien non plus. C’est là que nous voyons passer quelques gros mollets isolés car eux aussi vont arriver en paquets dispersés.
Je suis très contente de rejoindre ma chambre pour me reposer. Je laisse passer tout le monde à la douche et en profite pour faire une petite sieste. Pendant ce temps, Bruno va se promener au bord de l’Indre.
Nous nous retrouvons ensuite pour boire un coup mais plutôt en terrasse car l’intérieur est bruyant et chaud. Avant d’aller manger, on laisse partir les gens pour avoir le moins d’attente au restaurant.
Après le souper, Stéphanie de Kingersheim (Alsace) et moi-même animons un atelier découverte et sensibilisation au braille car cette année, il y a 200 ans que le braille a été inventé.

Animation Braille par Laurence et Stéphanie
Nous proposons un quiz à deux voix et sommes surprises du monde qui vient nous écouter et participer, aussi bien chez nos pilotes que chez les passagers. A l’issue de ce questionnaire, on distribue des feuilles avec l’alphabet braille. On explique comment cela fonctionne. On met à disposition des gens des tablettes et on les aide à écrire leurs prénoms. Ils sont très contents et posent de nombreuses questions. D’autres déficients visuels avaient aussi amené du matériel pour montrer ce qui existe. Jonathan a apporté des Lego braille, ce qui permet aux enfants de communiquer entre voyants et déficients visuel dans une classe. Christian a amené une facture en braille afin de montrer comment cela se présente. Après presque deux heures d’animation, nous remballons.

Animation Braille par Christian et la Perkins
Certains vont au karaoké pendant que je monte me coucher. Il faut que je retrouve la forme pour pédaler demain.
Samedi 31 mai :
Comme la veille Bruno vient nous chercher avec Rosa et Yves nous retrouve à la sortie du bâtiment. Après le petit déjeuner, nous avons un rappel afin d’éviter de perdre des tandems en route comme la veille. Puis nous enfourchons nos montures, gros mollets d’abord puis petits mollets à suivre. Les distances sont identiques à celles d’hier. Le temps est couvert ce matin mais on sait que cela ne durera pas car l’air est déjà chaud à 9h. Cette fois, nous changeons de direction. Il y a toujours autant de faux plats montants ou descendants mais l’environnement change. C’est plus humide, il y a beaucoup d’étangs et de mares et on entend chanter les grenouilles. Nous passons devant un panneau indiquant parc naturel régional des mille étangs, ce qui explique l’humidité puisqu’il y a même des roseaux dans les fossés. Nous faisons la pause du matin à Neuillay-les-Bois. Comme la veille, on boit beaucoup car même si le soleil ne se montre pas encore il fait déjà chaud,. C’est reparti pour aller jusqu’au pique-nique. Progressivement, le décor change. On quitte les zones humides pour retrouver des cultures et des pâtures. Les tracteurs sont dans les champs et Bruno voit un taureau au milieu d’un troupeau de vaches. Il y a aussi quelques rapaces dont il ne sait me dire le nom.
Ce midi, nous prenons notre repas à Lys-Saint-Georges. C’est un beau nom pour ce village un peu plus gros que ceux traversés précédemment.

Le château de Lys Saint-Georges
Il a quelques commerces et semble plus vivant. Comme la veille, mon pilote et moi choisissons de manger dehors. C’est agréable au début mais le soleil pointe le bout de son nez et chauffe bien. Avant de repartir, nous faisons une photo de groupe petits et gros mollets confondus. Enfin le départ est donné. Cette fois, le ciel est bien bleu et le soleil nous chauffe le visage, les bras et les jambes. Je me sens beaucoup mieux qu’hier mais à la pause de l’après-midi à Ardentes, je demande à Bruno de m’arroser car j’ai le cerveau en ébullition sous le casque. Il a prévu une bouteille d’un litre et demi et m’en verse les deux tiers sur la tête. Cela fait du bien de prendre une douche toute habillée car je vais sécher en pédalant. Le GPS de Bruno annonce 35°. Je profite de ce dernier ravitaillement pour boire frais car l’eau se réchauffe vite dans nos gourdes. Le départ est donné de nouveau pour le retour à Châteauroux. Une fois arrivés, la douche est la bienvenue.

La photo du groupe
Ce soir, c’est la soirée de gala et certains rentrerons chez eux et ne pédalerons pas demain. On profite donc d’être tous ensemble une dernière fois. Mais de soirée de gala, point. On fait la queue pour accéder à nos plateaux et repas comme les autres jours. Depuis que je participe à des RTT, c’est la première fois que cela se passe comme ça. Heureusement, après il y aura la tombola ce qui donnera un esprit festif. Il y a en même temps la finale de la Champion ligue de foot à la télé qui met une grosse ambiance.
Dimanche 1er juin :
Ce matin, Rosa s’en va ainsi que les alsaciens, et les belfortains.

Rosa et son pilote
C’est donc en groupe réduit que nous allons rouler. Il y a cependant toujours les deux niveaux, petits et gros mollets même si le parcours est identique. Les paysages sont toujours plus ou moins les mêmes. Nous faisons la halte du matin à Villedieu-sur-Indre pour un dernier ravitaillement.

Groupe de tandémistes au départ
Les bénévoles nous font l’article car il faut tout manger pour qu’il ne reste rien. Certains s’en chargent avec plaisir. Nous poursuivons notre parcours gentiment et finissons par la traversée de Châteauroux. Les boulevards sont larges et Bruno me parle des flèches blanches de la cathédrale. Il m’indique également des lavoirs mais ceux-ci ne sont pas forcément visibles de la route. Il les a vus en se baladant la veille.

Dimanche matin : Départ pour la dernière balade de Laurence et Bruno
A notre arrivée, nous remettons le tandem dans le véhicule et Bruno l’attache bien pour qu’il ne bouge pas pendant le transport. Dernier repas à partager et les groupes partent les uns après les autres. Philippe fixe son tandem bien couché dans la remorque tractée par sa moto. Nos bagages sont rangés aussi et nous quittons à notre tour Châteauroux en attendant de nous retrouver l’an prochain à Belfort.
Merci à l’ensemble de l’organisation pour ce beau séjour qui encore une fois, a permis de rassembler la France entière et même plus puisqu’il y avait nos amis Belges sur les ravitaillements. On se retrouve avec tellement de plaisir !
Laurence Agro
Photos : Bruno Baudin