Un BRM qui ne manque pas d’air

 

Après un réveil aux aurores, ce samedi 25 mars 2023, j’attends impatiemment mon pilote de tandem, Thierry Lesous. Nous avons fixé le rendez-vous à 6H 30 chez moi. En effet, nous allons effectuer ensemble le BRM 200 km organisé par notre club cyclotouriste de Cergy. Thierry a déjà réalisé en début du mois de mars un 200 km audax organisé par un club cyclo de l’Indre et deux jours avant le BRM il a parcouru 130 km, un parcours passant par Lyons-la-Forêt en guise d’entraînement. Quant à moi, depuis le début de l’année, ma distance la plus importante était de 85 km. Pour autant, avec la gestion des efforts, de la volonté et un bon mental je devrais y arriver.


Ponctuel, comme à son habitude, Thierry est devant ma porte d’entrée. Dehors il fait encore nuit. Néanmoins les oiseaux s’en donnent à cœur joie et chantent dès lors à gorge déployée. Après avoir installé l’éclairage, Nous enfourchons notre monture afin de rejoindre le lieu d’inscription situé à la MJC de Cergy village, tout proche de mon domicile. Sur place, nous sommes accueillis par Lionel, notre président ainsi que Franck ; Dominique, Michel, Raymond, Véro, qui sont d’autres adhérents du club venus lui prêter main forte. Ils nous motivent et nous souhaitent bonne chance pour cette épreuve compte tenu des prévisions climatiques. Il est annoncé des averses éparses mais surtout des rafales de vent atteignant 60 km/h. Juste avant de prendre la route à 7 H, Raymond nous prend en photo avec Jean-Pierre du club, également inscrit à ce brevet.

Jean-Pierre, Thierry et Joseph

Jean-Pierre, Thierry et Joseph

Nous quittons Cergy avec un ciel nébuleux et une température fraîche pour la saison. Le bitume est détrempé à certains endroits en raison des giboulées et de l’orage de la veille. Rapidement, nous quittons l’agglomération pour emprunter des routes de campagne du Val d’Oise que nous connaissons fort bien, à force d’entraînement dans le Vexin. La cadence est régulière et le moral est au beau fixe malgré Eole qui nous gêne considérablement. C’est précisément lorsque nous sommes en plaine, avec des cultures à perte de vue, que nous sommes exposés à cette force invisible du vent qui nous freine. Mais le cyclotouriste doit faire face aux aléas météorologiques, aussi nous faut-il composer avec.
Soudain, un groupe de cyclistes nous enrhume et une personne m’interpelle. Bien sûr, je reconnais la voix caractéristique du dénommé Sergio, ancien président du club de Frépillon. Ce dernier nous délivre quelques mots d’encouragement. Effectivement, j’avais fait sa connaissance l’an passé lors de la randonnée Paris-La Mer que j’ai réalisé avec Jérôme. Un peu après, une cyclote, avançant à un rythme soutenu, se place à côté de nous. C’est l’occasion d’entamer la conversation. Elle est venue spécialement de Pantin en Seine-Saint-Denis, en utilisant son vélo et le RER comme moyen de transport, pour ce Brevet. Son objectif est de participer au mythique Paris-Brest-Paris, cela ne m’étonne pas car Elle force le respect. A plusieurs reprises, avec Thierry, nous l’invitons à se mettre sur notre droite afin de la protéger avec le tandem du vent mais ne pouvant nous rendre la pareille elle refuse. Nous réussissons enfin à vaincre son obstination et la mettre à l’abri. Nous quittons l’Ile-de-France pour les Hauts-de-France et les routes de l’Oise. Par la suite, à Dangu, nous entrons dans le département de l’Eure et nous voici en Normandie. Nous apercevons Christophe, ancien adhérent de notre club, et nous roulons en sa compagnie jusqu’à Ecouis. C’est un petit village du Vexin normand. Premier contrôle situé à 75 km. Ce petit bourg dispose d’une collégiale d’une taille imposante. Celle-ci fut édifiée au XIVème siècle par Enguerrand de Marigny qui fut chambellan du roi Philippe Le Bel.

La collégiale d'Ecouis

La collégiale d’Ecouis

Nous rentrons dans la boulangerie pour déguster une viennoiserie mais surtout faire tamponner nos cartes de route. Nous poursuivons l’itinéraire et soudainement le ciel s’obscurcit. Cela devait arriver, nous sommes cueillis par une averse de grêle. Je décide de ne pas mettre l’imper, je ne pense pas que cela va durer. Effectivement, au bout de 10 mn la pluie s’arrête. C’est vers Fleury, au bord de la rivière l’Andelle, que le paysage est admirable. Nous sommes non loin des ruines de l’abbaye cistercienne de Fontaine-Guérard située à côté de la rivière de l’Andelle, blottit au cœur de la forêt domaniale de Lyons.

L'abbaye de Fontaine-Guérard

L’abbaye de Fontaine-Guérard

Ensuite, une belle montée nous fait face et n’ayant pas anticipé le développement adéquat, on se dresse sur nos pédales pour se hisser en haut avant de basculer sur une descente. Petit anecdote, l’an passé, nous avons dû patienter un bon quart d’heure sur cette route avant que les bûcherons ne déblayent le passage. Nous poursuivons notre parcours et à Lisors, nous passons juste à côté de l’abbaye de Mortemer fondé au XIIème siècle.

L'abbaye de Mortemer

L’abbaye de Mortemer

Elle fut au demeurant la première abbaye cistercienne de Normandie. Au KM 105, nous voilà arrivés à Lyons-la-Forêt, notre deuxième contrôle. Ce village est au cœur de l’une des plus belles hêtraies d’Europe et fait partie à juste titre des plus beaux villages français. C’est dommage, le manque de luminosité ne met pas en valeur ses rues jalonnées de maisons à colombages et briques. De plus, le crachin arrive et nous nous empressons d’entrer dans la boulangerie afin d’acheter un sandwich. C’est sous ses halles que nous trouvons là un abri providentiel.

La halle de Lyons la Forêt

La halle de Lyons la Forêt

Au moment de repartir, il se met à tomber des hallebardes, nous attendons un bon quart d’heure que l’averse se calme. Nous enfourchons le tandem quand soudain, une cyclote nous demande si elle peut rouler en notre compagnie jusqu’à l’arrivée. En effet, licenciée au club de Franconville, elle était venue ce matin pour son premier brevet avec un ami de son club mais celui-ci ayant eu un ennui mécanique a dû abandonner alors elle s’est retrouvée toute seule et sans GPS, suivre le circuit s’avère compliqué. Bien évidemment, nous acceptons sa présence et ensemble nous reprenons la route qui se révèle vallonné. La fatigue ne se fait pas ressentir vu que la forme physique et le mental sont toujours présents. A Saint-Germer-de-Fly, nous quittons la Normandie pour les Hauts-de-France sans passer devant sa célèbre abbaye qui vaut le détour.

L'abbaye de Saint-Germer de Fly

L’abbaye de Saint-Germer de Fly

Encore 7 km et nous serons au Coudray-Saint -Germer, lieu de notre troisième contrôle. Avant d’y parvenir, nous avons une longue montée sur une route passante loin d’être agréable. D’ailleurs, en 2019, Thierry avait eu une défaillance sur ce faux-plat et grâce à un comprimé de Sporténine que je lui avais donné, il avait repris des forces pour la suite. Somme toute, nous voilà au Coudray où nous entrons dans un café. L’accueil n’est pas des plus affable, la patronne avec dix cyclistes dans son estaminet et vite débordé n’ayant jamais vu une telle affluence un samedi après-midi. La personne que nous guidons souhaite nous offrir une boisson mais à part une seule petite bouteille de Perrier, la Tenancière ne peut rien nous proposer d’autres, il faut croire que les réserves sont à sec. Un tampon-encreur de l’établissement est posé sur le zinc, nous le prenons pour l’apposer sur nos cartes de route. Nous repartons et malgré les côtes (La Landelle, La Houssoye…) l’allure est plus soutenue car l’arrivée se rapproche et le vent plutôt FAVORABLE ; A Neuilly-en-Vexin nous revenons dans le Val d’Oise et le final que nous connaissons bien avec Marines, Ableiges, Boissy, Osny, souvent empruntés lors de nos randonné, s’effectue aussi rapidement.

Le château de Neuilly en Vexin (XVIIème)

Le château de Neuilly en Vexin (XVIIème)

C’est avec un beau soleil que nous arrivons enfin à la MJC de Cergy où nous faisons homologuer notre brevet accompli en 10 H 30. Nous retrouvons Jean-Pierre et un quart d’heure plus tard, nous voyons Bruno parti une heure après nous. Quant à Frédéric, nouvel adhérent du club, au bout de 65 km il a renoncé eu égard au vent fort.
La cyclote de Franconville s’empresse de nous faire part de sa gratitude pour l’avoir accompagnée de Lyons à Cergy. Je remercie vivement Thierry qui a été comme à son habitude à la hauteur de l’événement. Il m’a en outre décrit les différents paysages rencontrés entre cultures et bocages ainsi que les villages traversés. Heureusement, mes narines n’ont pas été chatouillées par l’odeur enivrante du colza pas encore fleuri.
Encore une fois, nous avons passé une bonne journée de tandem malgré un temps très capricieux. Toutes nos félicitations vont vers notre club cyclotouriste pour son organisation sans faille qui a ravi les 91 participants.

Texte : Joseph Agro

Photos : Raymond, Thierry, Michel

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