La randonnée Paris – La Mer se déroule tous les deux ans et c’est toujours un immense plaisir d’y participer. Evidemment, cette manifestation, brillamment organisée par le Cyclo-Club du Vexin (CCV), est l’un de mes principaux objectifs de l’année. La randonnée, de 330 km à parcourir en deux jours, fait étape à Criel-sur-Mer en Seine-Maritime, situé sur le littoral de la côte d’Albâtre. Cette nouvelle édition comporte des nouveautés. Un circuit de 400 km est proposé pour les plus valeureux. Un autre, de 250 km avec un départ déporté depuis Gisors dans l’Eure permettra de rendre cette organisation accessible au plus grand nombre. Le plus ardu, eu égard à ma cécité, est de trouver le partenaire de tandem, volontaire et motivé, acceptant de m’accompagner. A ma grande joie, Bruno Baudin fait preuve d’altruisme en approuvant ma proposition, d’autant qu’il n’a jamais réalisé une telle distance en tandem, c’est l’occasion de relever le défi. Le sport tient une place prépondérante dans sa vie. Outre le fait qu’il soit un cyclotouriste expérimenté, c’est également un excellent coureur à pied adorant relever des challenges les plus osés.
Samedi 6 juillet 2019, au parc des sports de Saint-Ouen-L’Aumône, nous sommes quatre adhérents du club, avec Elisabeth et Véronique, à prendre le départ du Paris – La Mer. Nous décidons de réaliser le parcours classique, Elisabeth aussi mais avec ses amis du club d’Auvers-sur-Oise. quant à Véronique, elle opte pour le maxi parcours en guise de préparation au Paris-Brest-Paris. Très vite, nous quittons l’agglomération pour emprunter des routes de campagne peu passantes. Certes, nous avons déjà chaud le matin de bonne heure mais nous savons qu’en prenant la direction de la mer, la canicule ne nous suivra pas. Juste un petit moment d’inattention suffit pour être hors circuit d’après la trace GPS. Au lieu de faire demi-tour, nous choisissons de faire une boucle supplémentaire afin de reprendre le bon itinéraire. Eh oui, quand on aime, on ne compte pas. Pour atteindre le premier ravitaillement, il nous faut fournir un bel effort pour se hisser en haut du Petit-Serans, au cœur du bois de la Molière. Cette butte située dans l’Oise est un des points hauts de la région d’où la présence d’une antenne relais. Ensuite, à Bezu-la-Forêt, plus précisément à la ferme de Rome dans le Vexin normand, nous dégustons une délicieuse crêpe accompagnée d’une bolée de cidre sous un soleil radieux. Cet endroit, plein de charme, est un musée consacré au lait, au beurre, au fromage ainsi qu’au cidre et au calvados rassemblant plus de 2 000 objets. Peu après, nous arrivons à Forges-les-Eaux, en Seine-Maritime, où nous déjeunons. Nous sommes surpris de retrouver Arielle, une amie de Paris, pilotant Marie-Anne, une belfortine malvoyante. Elles sont accompagnées de Daniel, également pilote de tandem de l’association Echappée Belle mais suite à la défection de sa partenaire, il est en vélo solo. Nous empruntons l’avenue verte, une ancienne voie ferrée rénovée, jusqu’à Neufchâtel-en-Bray où une longue montée, douce et régulière, se profile.
Nous imprimons un rythme soutenu jusqu’au bout grâce à notre parfaite complémentarité. Notre condition physique nous permet, dès que le relief s’y prête, de nous faire plaisir en accélérant l’allure. C’est l’addition de nos deux forces sur les pédales qui lance le Tandem à Grande Vitesse, un vrai régal!
A 17 H, nous arrivons à Criel et la température s’est rafraîchie, les embruns transportés par un vent tonique fouettent mon visage et les odeurs d’algues et d’iode chatouillent mes narines. C’est l’occasion de se décontracter et tremper les pieds dans la Manche qui est plutôt calme. Elisabeth arrive avec ses amis et nous prenons un cliché devant ce si beau décor. Durant cette journée, j’ai bien apprécié les parfums de campagne exhalés au fil du trajet bucolique. L’oreille attentive, j’ai écouté Bruno me décrire les paysages rencontrés. J’ai pu ainsi m’imaginer les villages avec leurs maisons en brique rouge ou à colombage et torchis, les champs de céréales, de lin, les forêts, les prairies, les vaches et les chevaux, croisés çà et là.Après une bonne douche, un apéritif convivial est généreusement offert par les organisateurs devant le château de Chantereine.
C’est dans cette belle demeure construite au XVIIIème siècle que nous allons dîner et passer la nuit. Après le repas, en compagnie d’Elisabeth, nous ne résistons pas au bonheur de nous balader le long de la plage, de contempler les falaises de craies et le coucher de soleil qui, malencontreusement, est masqué par les nuages. Le lendemain vers 8 H, nous repartons toujours en pleine forme avec une température vivifiante et un ciel nuageux.
L’itinéraire du retour est toujours plus exigeant qu’à l’aller mais dès l’approche de terrain favorable au tandem, nous n’hésitons pas à rouler à vive allure.
Avant de rallier Crillon dans l’Oise, nous enchaînons trois belles montées dont l’une menant à Gerberoy. Cette cité médiévale fait la fierté des isariens avec ses roses à chaque coin de rue, ses maisonnettes colorées aux poutres apparentes, elle est d’ailleurs inscrite parmi les plus beaux villages français. La pause repas est la bienvenue, avec des plats faits maison qui sont appréciés de tous. La remise en selle est loin d’être aisée, nous devons escalader quelques côtes en guise de digestion dont celle de Saint-Germer-de-Fly où nous passons devant son église abbatiale, véritable joyau architectural du XIIème siècle.
Dès lors nous atteignons le Plateau de Lavilletertre qui surplombe la Vallée de la Viosne, lieu du dernier contrôle. Il nous reste encore 25 km avant d’arriver à Saint-Ouen-L’aumône, un itinéraire emprunté fréquemment et c’est avec une belle éclaircie, à 16 H que nous en terminons.
Je suis comblé d’avoir bouclé mon septième Paris – La Mer, chaque édition ne ressemble à aucune autre. Elles ont toutes une saveur bien particulière, des anecdotes et souvenirs nouveaux. De plus, à chaque fois, je l’ai réalisé avec un pilote différent. Ce week-end cyclotouriste fut formidable au regard des conditions climatiques idéales et de l’absence d’ennui mécanique. J’adresse mes félicitations et remerciements les plus vifs à Bruno, il a permis mon engagement à cette randonnée que j’affectionne tant. En outre, il a relevé avec panache son défi et battu son record de distance en tandem.
Enfin, je remercie très chaleureusement tous les bénévoles du Cyclo Club du Vexin, pour leur organisation irréprochable et leur sens de l’accueil. L’édition 2019 avec 81 inscrits restera un bon cru. En espérant qu’en 2021, le bouche à oreille donnera l’envie à d’autres adeptes de la petite reine de venir encore plus nombreux.
Joseph Agro