C’est devenu une habitude, chaque année, durant le mois de mai, l’Union Sportive Cergy Cyclotourisme quitte l’Ile-de-France pour la découverte d’une région française. Forcalquier dans les Alpes-de-Haute-Provence, situé entre la montagne de Lure et le Lubéron, a été notre lieu de villégiature. Cette destination a fédéré soixante-dix licenciés accompagné par leurs familles et amis. Gérard, ancien adhérent et toujours très attaché au club, nous avait déjà organisé une semaine cyclotouriste à Volonne, dans le même département, où il réside depuis une décennie. Fort du succès de ce séjour, il a tenu cette année avec son épouse Pierrette à nous faire découvrir les richesses du pays de Forcalquier, lieu incontournable. La semaine a bien mal commencé le dimanche à cause d’une pluie incessante, l’organisateur a annulé les différentes sorties prévues.
Dès lors la visite de Forcalquier s’est évidemment imposée. Après avoir gravi la colline appelée « la citadelle » dominant la ville, nous avons pu admirer la chapelle Notre-Dame-de-Provence qui trône depuis 1875. A côté de l’édifice est implanté un étonnant carillon manuel, comportant 18 cloches, toujours en service. De cette colline coule une source naturelle, « Font Calquier » ou fontaine du rocher, elle a donné son nom à cette cité. De là-haut, les vues plongeantes donnent sur la plaine de la Durance, la montagne de Lure et les Alpes du Sud.
Ensuite, c’est reparti pour Banon, petit village perché où se tenait la traditionnelle fête du fromage. En effet, chaque année, en mai, Banon rend hommage à son fromage éponyme, le fameux fromage de chèvre conservé dans une feuille de châtaignier.
Les autres jours, le temps a été agréable. Certes, il y a eu un peu de brume et parfois un ciel couvert, cependant le soleil a majoritairement illuminé le séjour. D’ailleurs, les températures étaient parfaites pour des activités de plein air. Comme à l’accoutumé, le mardi, un pique-nique nous a rassemblés pour un moment privilégié de convivialité et de partage.
Lors de cette semaine, tous les participants ont trouvé leur plaisir. A l’instar des randonneurs pédestres fort nombreux, les cyclotouristes ont eu, selon l’envie et la forme de chacun, trois circuits journaliers avec un attrait touristique indéniable.
Compte tenu de ma cécité, c’est grâce au tandem que j’ai pu prendre part pleinement à ces sorties. Jean-Luc et Thierry se sont relayés pour me piloter et me dépeindre les différents paysages rencontrés.
Le mercredi, habituellement jour de repos mais uniquement réservé aux volontaires, l’ascension de la montagne de Lure a été proposée en passant par Saint-Étienne les Orgues, son versant sud. Cinq ans auparavant, lors de notre semaine cyclo à Volonne, nous l’avions escaladée par l’autre face. Ce fut Thierry qui m’a piloté durant cette grimpée longue de 18 km avec 1000 m de dénivelé et un pourcentage moyen de 6 %. Il en aura fallu de la Persévérance et de la ténacité pour se hisser à 1743 m d’altitude. Son sommet dénudé avec son antenne lui donne des airs de « Mont Chauve » mais le paysage minéral est moins étendu que son « grand frère », le mont Ventoux.
A l’inverse de ce dernier, la montagne de Lure est aussi nettement plus anonyme. Quelle surprise à l’arrivée, nous avons droit à une haie d’honneur faite par les randonneurs pédestres. Cette marque de sympathie, nous a profondément touchés, c’est un accueil qui restera longtemps dans nos mémoires.
Durant ces balades, nous avons apprécié la diversité et la beauté des paysages. Nous avons évolué entre moyennes montagnes, collines, gorges et vallées.
Concernant la végétation, il y avait un beau camaïeu de couleurs entre les forêts de chêne verts et blancs, de hêtres, de pins. Sur les plateaux, nous apercevions des vergers, des oliveraies profitant du climat méditerranéen mais aussi des champs de lavande qui n’étaient pas encore fleurie. Nos pédalées nous ont permis de découvrir Valensole – Gréoux les Bains, le Pays de Manosque, Le sud Lubéron, Le plateau d’Albion ainsi que Simiane-la-Rotonde. Ce village, classé cité de Caractère, est un des plus beaux villages perchés de Haute Provence. Il possède un riche patrimoine historique datant du moyen âge et de la renaissance.Enfin, le temps libre restant était employé à répondre au questionnaire sur la région qui nous avait été distribué au préalable par les organisateurs. Il fallait faire preuve d’observation, de curiosité, de perspicacité pour trouver les réponses.
Pour parachever le séjour en beauté, un dîner nous a réuni le vendredi soir dans un restaurant afin de faire honneur à la gastronomie locale. Le déroulement de cette semaine a été orchestré de main de maître, avec la transmission de l’amour pour cette région. Un merci tout particulier à Jean-Luc et Thierry, pilotes de tandem, qui ont réussi à me faire partager ces panoramas somptueux.
Et comme disait Pierre Magnan, écrivain français, indéfectiblement attaché à la Provence ayant vécu fort longtemps dans un pigeonnier à Forcalquier : « Quand on habite le plus beau pays du monde, on en est pas peu fier et l’on se tait, de crainte de le désigner à l’attention générale qu’il n’est jamais bon d’éveiller. Forcalquier était le plus beau pays du monde et Dieu merci personne d’autre que nous ne s’en avisait. »
Joseph Agro
Mise en page Michel Vilpoix avec l’aide des nombreux photographes.