En début d’année, je me suis fixé comme objectif de m’inscrire à un brevet des randonneurs mondiaux (BRM) de 200 km, avant de participer à celui de 300 km qui sera organisé par l’U.S Cergy Cyclo le 16 avril 2016. Thierry, au club depuis un an, répond spontanément à mon appel pour un partenaire de tandem. Il est volontaire et motivé pour m’accompagner dans cette aventure. Il a déjà effectué quelques 200 km en vélo mais n’a pas encore de BRM à son actif. En outre, sa plus grande distance est de 100 km, en tandem avec son épouse, à une allure promenade. J’ai entière confiance en Thierry, ancien pompier, qui possède des ressources physiques et mentales surprenantes. C’est un véritable défi sportif qui l’attend. Pour les non initiés, l’objectif d’un BRM est de réaliser un itinéraire sans assistance, dans le délai imparti. Il faut être autonome, avec une feuille de route et une carte à pointer lors des différents contrôles. D’un commun accord, nous choisissons de nous inscrire à l’épreuve organisée par le cyclo club d’Andrésy, dans les Yvelines, à 10 km de Cergy.
Le dimanche 13 mars, après un réveil matinal, je guette impatiemment, devant l’entrée de mon domicile, Thierry. Une fois celui-ci arrivé, le temps de remplir les sacoches de provisions, nous enfourchons vers 6 H 20 notre monture, tous feux allumés et avec nos gilets réfléchissants, afin de rejoindre le centre omnisports d’Andrésy. Il fait nuit noire et la météo annonce 1°C, on se rend vite compte de l’extrême fraîcheur de l’air ambiant. Nous y sommes vers 6 H 50 et retrouvons Jacques, du club de Cergy, déjà prêt à démarrer.
Après avoir pris nos cartes de route en discutant avec les organisateurs, bu une boisson chaude et reçu le premier tampon indiquant l’heure de départ, nous voilà partis à 7 H 03. Quel dommage que Jacques ait débuté quelques minutes avant, son GPS nous aurait facilité la navigation. J’entends des automobilistes gratter leurs pare-brises, assurément il y a du givre, cela nous rappelle que l’hiver est toujours là. Pourvu que le soleil nous fasse gagner quelques degrés ! Vers Vaux-sur-Seine, au bout de 10 km, un petit groupe de triathlètes nous dépasse et Davy, un jeune du club de Saint-Germain-en-Laye décroche pour suivre notre allure plus modérée. En outre, c’est son premier BRM, il ne connaît pas la région et cela le rassure de ne pas rouler seul. Il nous accompagnera jusqu’à la fin. Tout se passe pour le mieux, Thierry imprime un rythme régulier mais la bise, ce vent de nord-est nous glace et va nous contrarier fortement durant les trois quarts du brevet. Nous empruntons des routes peu passantes et, faute d’inattention, nous faisons une erreur lors d’un carrefour. Nous prenons une mauvaise direction qui nous emmène vers Saint-Cyr-en-Arthies. A cette occasion, nous grimpons deux côtes qui n’étaient pas prévues, mais quand on aime on ne compte pas. Au demeurant, il vaut mieux se perdre à plusieurs, on se sent moins seul. Thierry et Davy se penchent sur la carte de la région afin de repérer comment rejoindre Villers-en-Arthies. Nous retrouvons le bon chemin et passons ensuite devant le domaine de Villarceaux, avec son château, puis nous traversons des petits villages de campagne tels que Bray-et-Lu, Saint-Rémy, Tourny.
Nous sommes sur le plateau au-dessus des Andelys et les faux-plats montants à n’en plus finir nous font prendre de la hauteur. A la suite d’une belle descente, nous faisons une pause aux Andelys, dans l’Eure, afin de faire tamponner les cartes de route dans une boulangerie.
Cet arrêt permet aussi de converser avec des Andelysiens fort sympathiques, il faut avouer que le tandem suscite toujours autant d’étonnement aussi bien chez les petits que les grands. Cette ville se trouve encaissée dans une vallée au cœur des boucles de la Seine. Elle est très touristique grâce notamment à sa collégiale et au château Gaillard qui la surplombe.
Hélas, aujourd’hui la visite n’est pas au menu, alors nous reprenons la route en direction de Gournay-en-Bray, en Seine-Maritime, distant de 40 km. Bien que le soleil illumine la journée, Eole nous souffle un air glacial et la température s’en ressent. Nous n’avons jamais pu enlever une épaisseur au cours de cette épreuve. Heureusement qu’il y a de belles côtes pour nous réchauffer. Après la traversée de la forêt de Bézu, Nous croisons Jacques qui apprécie l’abri qu’offre le tandem durant 6 km avant d’atteindre Gournay, deuxième contrôle. Nous somme à mi-parcours, l’estomac crie famine, nous décidons de prendre notre pause déjeuner dans un café. La salade de pâtes préparée par l’épouse de Thierry a du succès, mais voilà, il nous faut repartir. Hélas, l’arrêt ne nous a pas réussi et nous a refroidit l’organisme. Nous grelottons, nos muscles sont tétanisés et nous sommes en pleine digestion. Il nous faut un bon quart d’heure pour nous réchauffer. Nous pédalons fermement, résolument, et le tandem avance grâce à nos efforts conjugués. La Normandie laissant place aux Hauts-de-France, nous passons par Auchy, Saint-Germer-de-Fly et son abbaye que nous ne pouvons admirer, faute de temps. Ensuite, avant d’atteindre Noailles, lieu du dernier contrôle, nous traversons La Landelle, La Houssoye et Auneuil. Malgré le froid, la forme est au rendez-vous. Comme à Noailles, aucun commerce n’est ouvert le dimanche après-midi, deux adhérents du club d’Andrésy se chargent de pointer les cartes de route des cyclos. Une pensée pour eux qui ont passé une bonne partie de la journée en plein vent au bord de ce rond-point. En repartant, la route s’élève mais bonne nouvelle, cette fois-ci nous allons au sud et sommes poussés dans le dos devinez par qui ? Il faut être constamment vigilant à l’itinéraire pour ne pas s’égarer à nouveau. Nous passons devant le château d’Hénonville avec en prime une belle côte. Nous retrouvons le Val d’Oise et le final, que Thierry connait les yeux fermés. Nous décidons de mettre le TGV (tandem à grande vitesse) en action pour arriver avant la nuit à Andrésy. Cette partie est très roulante, hormis les grimpettes de Puiseux et de Boisemont. Quelle joie lorsque nous atteignons enfin Andresy et faisons valider notre brevet de 200 km en 11 H 33. Davy nous remercie de l’avoir effectué ensemble, il nous prend en photo devant le tandem pour illustrer cet instant.
Je remercie chaleureusement Thierry qui m’a brillamment piloté. Il a relevé son défi en réalisant son tout premier BRM, surtout que celui-ci avait une dénivelée de 1700 m et de retour à Cergy, le compteur du tandem affichait 240 km. Les paysages rencontrés étaient variés, nous avons traversé cinq départements et trois régions. Pour aller au bout de ce brevet, nous avons mis en pratique la devise des Andelys : « Les deux ne font qu’un ».
J’espère vivement qu’avec Thierry nous allons vivre encore d’autres aventures en tandem.
Bravo à Thierry et Joseph pour ce premier 200 km de l’année dans des conditions qui ne devaient pas être faciles !
Les comptes rendus des randonnées de Joseph sont toujours très bien écrits et très agréables à lire. On s’y croirait presque, même en les lisant au chaud derrière son ordinateur.
Bonne route pour le reste de 2016 !
Merci André pour ton message si sympathique. J’en profite pour remercier Michel Vilpoix, que tu connais bien, pour la mise en forme du récit ainsi que pour les photos l’illustrant.
Bien amicalement.
Joseph