De Sainte-Suzanne à Chartres, 600 kms en cinq jours

  Retina France est une grande association, reconnue d’utilité publique, qui lutte contre la DMLA et les rétinopathies en levant des fonds pour que la recherche progresse. Pour ce faire, cet organisme propose des défis sportifs afin de récolter de l’argent. J’avais très envie de participer à l’un d’entre eux mais je ne pouvais pas le réaliser seule. C’est donc grâce à mon pilote Marcel et à notre chauffeur Yvon que le rêve a pu se concrétiser. Marcel et Yvon ont récupéré le camion de location qui va nous servir à transporter tandems et bagages jusqu’à Sainte-Suzanne, lieu de notre première étape en Mayenne tandis que Jean-Luc, autre pilote de notre club, part en train.

Ce dernier est sollicité pour accompagner en tandem Colette, non-voyante faisant partie de l’association « Echappées Belles » de Marly le Roi.

Nous arrivons vers 17h dans ce village fortifié d’environ 1000 habitants, perché sur un piton de 70 m de haut. Enfin nous trouvons le VVF et faisons connaissance avec quelques participants déjà arrivés. Chacun récupère son bagage et nous prenons possession de notre logement.

Le maire nous souhaite la bienvenue et le président régional du Crédit Agricole nous offre l’apéritif. En même temps, les organisateurs de Rétina nous remettent nos blousons signe de notre appartenance. Ils sont de plusieurs couleurs très gaies et agréables à porter.

Le doux chant des oiseaux du portable de mon pilote nous réveille le samedi matin. Petit déjeuner à 7h30 et départ à 8h15. C’est sous un soleil radieux que nous enfourchons nos machines en écoutant les dernières consignes de sécurité données par les motards chargés de celle-ci. Une voiture ouvreuse trace la route et un camion balai ferme la marche. Les premiers tours de pédales sont émouvants car nous partons pour une grande aventure et ce n’est pas tous les jours que l’on voit 40 tandems rouler ensemble. Nous allons ainsi nous rendre au Mans qui est à une bonne cinquantaine de kilomètres de notre point de départ. Très vite, nous nous apercevons que la route est très vallonnée et nous ne ferons que monter et descendre jusqu’à l’arrivée dans la Beauce, le dernier après midi.

Notre premier rendez-vous a lieu dans la banlieue du Mans où un stand de Retina est installé dans la galerie marchande d’une grande surface. Nous sommes pris en photo pour un journal local et nous passons une demi-heure à nous promener dans la galerie en répondant aux questions des passants. Plateau repas et café nous ont permis de reprendre des forces. Ensuite, nous étions attendus par l’agence régionale du Crédit Agricole au cœur du Mans. Arrivés contents mais épuisés de cette première sortie, Marcel Jean-Luc, sa passagère et moi même décidons de visiter Sainte-Suzanne le lendemain. C’est un village très riche en histoire entre son château et ses moulins. En effet, une douzaine de moulins à papier, céréales, électricité ou tan sont toujours visibles sur les cinq kilomètres de l’Erve qui traverse le village.  Quant au château, il ne reste qu’une ruine du donjon mais un bâtiment a été aménagé en musée où l’on peut voir ou « toucher » une maquette du château lorsqu’il était encore debout.

Lundi, nous reprenons le vélo pour arriver à La Chapelle-Montligeon où nous passerons deux nuits dans un couvent. Nous avons gravi le col Saint-Sulpice mais nous avons aussi fait connaissance avec le camion balai 15 km avant la fin de l’étape. En effet, aujourd’hui nous avons abordé les Alpes Mancelles et c’était plutôt rude ! Je n’ai aucun regret d’avoir fini dans ce véhicule car les étapes sont longues et j’en ai profité pour faire plus amples connaissances avec d’autres infortunés de la route, à cause de la fatigue ou de quelques ennuis mécaniques.

Mardi, nous allons à la rencontre d’enfants dans une école. Ils se font une joie de nous accueillir et de monter sur les tandems pour les plus grands ainsi que quelques enseignants. C’est intéressant de discuter avec eux. Pour la plupart, ils sont emballés par ce vélo insolite mais ont du mal à admettre notre différence. Enfin, il faut repartir sur la route toujours aussi vallonnée et à l’arrivée, nous sommes accueillis par la mairie. Le soir, nous apprécions la visite de la basilique remplie de très beaux vitraux ainsi que les voix des religieuses pendant les vêpres chantées. Elles ne sont qu’une douzaine mais leurs chants raisonnent magnifiquement bien. Après le souper, nous assistons à un concert donné par un couple de la région. Ils sont très polyvalents dans le choix des instruments qui vont du clavier à l’accordéon en passant par la flûte traversière et le saxophone. Chants et danses nous feront passer une bonne soirée..

Mercredi, nous reprenons la route pour la dernière étape qui nous amènera à Chartres. Le parcours est un peu différent même s’il reste très pentu le matin. Les organisateurs avaient promis une belle bosse avant le repas et ils n’avaient pas menti. Certains ont mis pied à terre mais Marcel et moi avons pédalé tout du long en étant à la limite de la chute. Après le pique-nique, nous arrivons dans la Beauce qui est plate mais avec un vent de face jusqu’à l’entrée dans Chartres. Nous avons une réception à la mairie avec petits fours et boissons puis nous regagnons nos hôtels pour nous préparer à la soirée de gala. Excellent repas et bonne ambiance mais séparation un peu difficile car la prochaine rencontre aura lieu dans deux ans. Nous avons eu beaucoup de chance car le soleil nous a accompagnés tout au long de ces parcours.Toutefois, pour nous qui étions nouveaux, c’était difficile. Nous avons fait en fonction des possibilités de chacun et même si nous n’avons pas fait toutes les étapes en entier, l’important était de participer. Je remercie mon pilote sans qui ce périple n’aurait pu avoir lieu ainsi que la Fondation de la Française des Jeux grâce à qui nous avons pu tous les trois réaliser ce défi.

                                                                Laurence Agro

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